Séjours en altitude

LA MONTAGNE ÇA VOUS GAGNE AUSSI EN ÉTÉ
On croit la montagne taillée avant tout pour les sports d’hiver. Mais elle a été, et redevient, très populaire l’été. Autres paysages, autres sensations et un panel d’activités douces. A l’exploit et à l’extrême, le tourisme d’été préfèrera la découverte et la contemplation. Cette (hors-)saison, qui se prolonge au printemps et à l’automne, convient bien aux groupes. Les stations de ski reconverties en villages estivaux vous attendent de pied ferme.

On aime tellement la montagne sous sa parure de neige qu’on ne l’imagine plus sans. C’est-à-dire ensoleillée, le sapin sec, les pâturages bien verts… En France, la saison d’été est restée longtemps le versant sacrifié du tourisme de montagne. Pourtant c’est bien à la belle saison qu’au XIXe siècle les plus argentés, jusqu’aux têtes couronnées d’Europe, venaient prendre l’air en montagne et profiter des bienfaits des sources d’eau chaude. La mode a perduré jusqu’aux années 1920… Avant que la démocratisation des sports d’hiver et la création des premières stations de ski ne renvoient l’été dans l’ombre de l’hiver. Dans les Hautes-Pyrénées, c’est bel et bien les débuts du thermalisme (et les apparitions mariales de Lourdes en 1858 !) qui ont favorisé le développement du tourisme estival de montagne. « Les touristes pratiquaient à l’époque le « pyrénéisme ». Ils venaient admirer la beauté des paysages : le Pic du Midi, le Cirque de Gavarnie… Il était question de contemplation, et non d’exploit, rappelle Corinne Rixens, responsable des relations presse chez Hautes-Pyrénées Tourisme Environ-nement. Quand la mode du ski s’est développée, on a créé peu de stations à l’architecture moderne. Ici, on loge en vallée, dans des stations-villages authentiques. Les Pyrénées ont depuis cette époque valorisé l’itinérance, avec des routes de montagne entre l’Atlantique et la Méditerranée, la route des cols du Tour de France et des itinéraires transfrontaliers avec l’Espagne ».

 

 

Une vraie tendance de fond

 

Depuis une quinzaine d’années, la montagne en été connaît un vrai regain d’intérêt. Concurrencé un temps par les destinations étrangères bon marché et les vols low cost, le tourisme en montagne est en progression régulière. Selon une étude d’Atout France, de 4ème destination touristique française, la montagne se classe désormais deuxième, après la mer, mais devant la campagne et les villes. « Il faut dire que dans notre région de montagne on a tout, explique Christelle Ferrière, adjointe à la direction générale de L’Agence Savoie Mont Blanc. Des lacs qui sont comme un petit littoral au pied des montagnes, des villes (Chambéry, Annecy…) et un côté cocooning qui rappelle l’esprit village de la campagne. Le développement des activités estivales n’est pas juste une réponse aux futures conséquences du réchauffement climati-que. C’est une vraie tendance de fond. Car nos stations fonctionnent surtout quatre mois par an ; quand on travaille aussi l’été ça rééquilibre l’année. C’est un vrai potentiel économique. Si l’hiver reste la colonne vertébrale de la montagne, l’été élargit aussi le spectre des vacances accessibles à tous les profils et tous les âges ». Reconnexion à la nature, contemplation de paysages apaisants et spectaculaires (succès fou pour les lacs dans leurs écrins somptueux !)… La montagne a totalement séduit les touristes pendant les étés Covid. Une fréquentation record en 2020, des chiffres un peu moindres en 2021 en raison d’une mauvaise météo. Et des vacanciers qui se sont décidés à la dernière minute, pas toujours familiers de la montagne, parfois en totale méconnaissance des codes : « Non, on ne randonne pas en claquettes ; non, on ne caresse pas le chien du berger, on ne bivouaque pas n’importe où, s’amuse Christelle Ferrière. Mais les vacanciers ont surtout découvert que la montagne, qui subit une image monoregistre d’activités sportives, proposait énormé-ment de choses. Dont des activités douces. Sur notre territoire, on peut visiter des fermes, des chapelles baroques, des forts…, rencontrer des artisans, découvrir leurs savoir-faire ». Mais aussi assister à des événements forts ou à des festivals, comme Toquicimes à Megève, un rassemblement de chefs autour de la gastronomie de montagne.